En 2002, la société Philip Morris avait publié une étude, intitulée "Project Mix" et faisant état de la non-toxicité de ses cigarettes. Une étude scientifique lève aujourd'hui le voile sur leur composition réelle.
Depuis des années, la présence excessive d’additifs dans les cigarettes inquiétait l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’administration américaine en charge de l’alimentation et des médicaments (FDA). Mais l’industriel Philip Morris a toujours brandi son étude scientifique de 2002 attestant de la non-toxicité de ses produits, pour défendre son droit d’ajouter des additifs dans ses cigarettes.
Le 20 décembre dernier, pourtant, une étude publiée dans la revue PLoS Medicine par les chercheurs du centre de recherche et de contrôle sur le tabac de l’université de Californie à San Francisco a révélé la vérité sur l'étude de Philip Morris. Les nouveaux travaux ont en effet conclu que les concentrations de 15 des cancérigènes étudiés se sont révélés être 20% supérieures aux données publiées il y a dix ans par le marchand de cigarettes. "Rajouter des additifs dans les cigarettes augmente le nombre de particules fines respirées, ce qui est mauvais pour la santé puisque celles-ci favorisent les risques d’inflammation des voies respiratoires", explique Stanton Glantz, l’auteur principal de cette dernière étude, cité par le Journal de l‘Environnement.
Au total, plus de 300 substances chimiques seraient utilisées comme exhausteur de goût. Elles rendraient les cigarettes plus agréables à fumer grâce au renforcement des saveurs. Le sucre y est souvent ajouté et transformé en glucose, en miel ou en mélasse. Des arômes, des épices, du benzaldéhyde, de la vanilline, du gingembre, de la menthe et de la cannelle peuvent également être ajoutés pour rehausser le goût des cigarettes. Selon l’étude californienne, Philip Morris aurait même « oublié » d’évoquer les résultats relatifs à 19 des 51 produits cancérigènes testés et notamment 9 substances couramment utilisées dans la composition de toutes les cigarettes.
La mort pour 22 milliards ?
Le groupe Philip Morris a choisi le Sénégal pour construire sa première usine de production de cigarette sur le continent africain. Un investissement de plus de 13 milliards de Francs CFA à travers la construction de cette usine dont la capacité de production est de 5 milliards de cigarettes / an pour une superficie de 1,5 hectares.
Avec des recettes fiscales sur le commerce du tabac qui seraient chiffrées à plus de 22 milliards de FCfa par an au Sénégal, l’Etat a déroulé le tapis rouge à Philip Morris et enroulé les pauvres fumeurs (tout aussi responsables au demeurant) dans… la fumée.
D’ailleurs, pour les enrouler davantage, Philip Morris vient récemment, avec la collaboration de l’Etat qui, pour dégager sa responsabilité parle de « stratégie commerciale de l’entreprise », de baisser les prix du tabac de 800 FCfa à 400 FCfa le paquet de 20 clopes, avant de le faire remonter (il y a juste une semaine) à 500 FCfa... dans la fumée épaisse.
Source: Philip Morris épinglée