Jeanne d'Arc, qui ne s'appelait pas d'Arc, n'aurait jamais gardé de moutons et ne serait pas morte sur le bûcher le 30 mai 1431. Après ses exploits, la Pucelle aurait même coulé des jours heureux au côté de son époux, le chevalier Robert des Armoises, au château de Jaulny. Jeanne, princesse de sang royal et super-agent secret ?
Telle est en effet la thèse que soutiennent Marcel Gay, journaliste à L'Est républicain , et Roger Senzig, un ancien du Bureau central de renseignements et d'action, dans « L'affaire Jeanne d'Arc ». Une thèse déjà connue de certains historiens, mais jusqu'ici ignorée du grand public. « L'histoire que l'on apprend à l'école est fausse. Jeanne d'Arc est en réalité la plus grande opération de diplomatie secrète de tous les temps »,
explique avec passion Marcel Gay. Cerveau de cette « opération bergère » : Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou, dont l'objectif est de faire couronner Charles VII et qui intrigue pour arriver à ses fins. Fille des amours illégitimes de la reine Isabeau de Bavière et de Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, donc demi-soeur du futur roi de France, Jeanne est envoyée en province dès son plus jeune âge. Des années durant, pendant que Yolande travaille à répandre la rumeur de la venue prochaine d'une
pucelle envoyée par Dieu pour sauver la France, la princesse d'Orléans est formée à l'art de la guerre et à la théologie. C'est dire si on est loin du miracle. « Jeanne n'a jamais entendu de voix, si ce n'est celles de ses conseillers », dit Marcel Gay. Pourtant, six siècles après, le mythe fondateur de la France - dont tous, de Jean-Marie
Le Pen à Ségolène Royal, se réclament encore - garde une part de ses secrets. Et ce malgré les dernières avancées de la science, qui permettent de faire parler les morts. Pourquoi le Vatican continue-t-il de dissimuler le « Livre de Poitiers », première déposition dans laquelle la Pucelle aurait tout révélé ? Côté intrigue, l'affaire Jeanne d'Arc n'a rien à envier à « Da Vinci Code ».
« L'affaire Jeanne d'Arc », de Roger Senzig et Marcel Gay (Florent Massot, 250 pages, 19,50 E).
http://www.lepoint.fr/culture/2007-09-27/histoire-jeanne-d-arc-demasquee/249/0/202646