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Durant des siècles, des mercenaires suisses redoutés, ne « connaissant aucun adversaire à leur mesure », pillant, tuant des civils ou s’entre-tuant par milliers dans des armées opposées, ont servi hors de nos frontières, source de richesses pour la pauvre Suisse. Une réputation qui mena en 1506 le papa terribile Jules II à solliciter des Confédérés de l’Alémanie supérieure le droit d’enrôler de jeunes Suisses pour devenir les gardes du corps du Vicaire du Christ.
Les débuts de la GSP sont donc liés à la personnalité de Jules II, un pape qui connaissait aussi bien les mercenaires suisses que leur pays, puisque son oncle l’avait nommé évêque de Lausanne en 1473, et qui n’avait pas totalement confiance dans les Espagnols trop proches des Borgia, pas plus qu’en ses compatriotes trop égoïstes ou en la noblesse romaine.
Ses bonnes relations avec la Suisse le poussèrent à appeler Peter von Hertenstein, archidiacre de la cathédrale de Sion, pour qu’il transmette à la Diète fédérale son souhait d’engager une garde personnelle de « 200 hommes » (100 de plus que le roi de France !). Ces gardes partiront chez le pape, traversant le Gotthard à pied, en plein hiver, recevant une solde grâce aux prêts du banquier Fugger. Kaspar von Silenen, un soldat uranais, fut le premier capitaine de la Garde.
La mort de Jules II provoqua des désordres, comme souvent lors des fins de règne ; les gardes suisses tuèrent deux personnes. La première décision de son successeur Léon X fut cependant de confirmer l’engagement des gardes helvétiques. Ces gardes, « honneurs de toute leur nation », se sacrifièrent le 6 mai 1527 pour protéger Clément VII, le pape suivant, lors du terrible Sac de Rome : 147 d’entre eux moururent et les 42 survivants se réfugièrent au château St-Ange (ce 6 mai est devenu la journée commémorative de la Garde qui faillit disparaître). En 1798, les Français entrèrent à Rome et ordonnèrent la destitution du pape.
Ils désarmèrent tous les gardes pontificaux qui retournèrent alors en Suisse. Deux ans plus tard, les gardes reprirent du service, mais dans un contexte précaire. Les choses s’arrangèrent avec les défaites de Napoléon.
Le Risorgimento, l’unification italienne, vit le maintien de la Garde avec le retour du pape à Rome, en 1850. Mais les troupes italiennes marchèrent sur Rome en 1870, signant le déclin de l’Etat pontifical et de la souveraineté papale, maintenue pendant plus de mille ans. Les Accords du Latran de 1929 établiront définitivement l’autorité pontificale sur un territoire minuscule, le Stato della Città del Vaticano. Une nouvelle loi fondamentale de l’Etat de la Cité du Vatican les a remplacés en 2001.
le rôle intéressant joué par Huldrych Zwingli dans l’histoire de la papauté et des gardes suisses. Curé à Glaris, il accompagna par deux fois les troupes glaronaises en Italie. Plus tard, il se rapprocha des vues d’Erasme de Rotterdam sur la Réforme du christianisme. Il resta néanmoins l’avocat des relations étroites avec la papauté et un partisan du recrutement de mercenaires pour le Saint-Siège. Ce n’est que plus tard qu’il admettra les vues de Luther et commencera à combattre le service mercenaire.
Histoire moderne
Parmi les faits plus récents, on peut relever le concile Vatican II : 1962 fut une année chargée pour les gardes en raison des contrôles multipliés aux entrées. Elle marque aussi leur première sortie officielle hors du Vatican pour accompagner le pape à Assise.
L’année 1970 revêt une autre importance encore pour la GSP : le 14 septembre, le Service d’information du Vatican annonce la dissolution de trois Corpi militari Pontifici, la Garde noble, la Garde d’honneur du palais et la Gendarmerie : « Nous vous annonçons… qu’après mûre réflexion et à notre vif regret, il nous a paru nécessaire de dissoudre les formations pontificales, à l’exception de la très ancienne Garde suisse (ad eccezione dell’antichissima Guardia Svizzera) qui continuera à assurer le service d’ordre et de garde…. » Paul VI aurait dit : « Ma almeno mi laciate i Svizzeri » (Laissez-moi au moins les Suisses !). Ce qui dans la presse avait donné des titres comme Désarmement au Vatican ou Les divisions du pape sont dissoutes
http://www.choisir.ch/spip.php?article599